BIOGRAPHY Maurice
Guillaume Maurice
GUILLAUME (Mazy 1899 - Fosses-la-Ville 1983) Maurice
Guillaume
En 1930, lors de vacance en Bretagne, il se rend
à l'île d'Ouessant. Par un hasard
extraordinaire, il y rencontre Charles Tournemire,
le successeur de César Franck à
l'orgue de Sainte-Clotilde à Paris, qu'il
espérait voir depuis longtemps. Alors qu'il
ne comptait séjourner que brièvement
à Ouessant, il y reste dix jours, et le
longues conversations qu'il a ainsi avec l'auteur
de l'Orgue mystique le marqueront
profondément. Dans
les années qui suivent, il commence à
se faire remarquer comme compositeur : en 1937, son
Ouverture de concert, primée par le
Jury de la Jeune Musique Belge, est
créée par l'Orchestre National de
Belgique sous la direction de Désiré
Defauw ; en 1938, son drame lyrique La grande
Clairière est représenté
à Charleroi. En 1947, la même ville
organisera un « Festival Maurice
Guillaume », où plusieurs de ses
oeuvres seront jouées. Sa réputation
d'interprète se développe
considérablement aussi ; il se produit lors
des Expositions universelles de Liège en
1930 et de Bruxelles en 1935. On l'entend
régulièrement en France (en 1938, il
jour à Biarritz), et on fait souvent appel
à lui pour des concerts d'inauguration.
En
1943, il quitte la tribune de Jumet pour celle de
l'église décanale
Saints-Pierre-et-Paul de Châtelet, où
un remarquable instrument à trois claviers
vient d'être installé. Il y restera
jusqu'en 1980, révélant à ses
auditeurs un répertoire très large,
qui, en plus des grands classiques comme Bach et
Franck, comprenait aussi bien des compositeurs plus
anciens comme Buxtehude et Couperin que des
contemporains comme Tournemire, Langlais et
Messiaen. En particulier, dès qu'une
nouvelle oeuvre de ce dernier était
publiée, il se procurait la partition, la
travaillait et la jouait. C'est ainsi que le public
entendit dès 1952 le Livre d'Orgue,
le recueil le plus complexe de Messiaen,
achevé seulement en 1951. A
la même époque, il est
également mis à l'honneur pour ses
compétences musicologiques : en 1950, il
participe à un congrès international
de musique religieuse à Rome, où il
présente une communication sur l'oeuvre de
Bach. Comme la plupart des musiciens, il se
consacre abondamment aussi à l'enseignement
: professeur de solfège et d'harmonie
à l'Académie de Châtelet entre
1949 et 1970, il a été en outre
professeur de piano au Collège du
Sacré-Coeur de Charleroi et il a
formé de nombreux élèves en
privé. Parmi ses autres activités, on
peut encore noter qu'il a souvent été
invité à siéger dans des jurys
d'examens (notamment pour les épreuves
d'orgue aux Conservatoires Royaux de Bruxelles,
Liège et Mons), et qu'il était membre
de diverses commissions dans le domaine de l'orgue
et de la musique liturgique. Tempérament
modeste, Maurice Guillaume n'a jamais vraiment
cherché à se faire connaître,
et la plus grande partie de son oeuvre est
restée inédite malgré son haut
niveau de qualité. Il a touché
à tous les genres, avec une
prédilection pour l'orgue, le piano et la
voix, mais aussi et surtout la musique de chambre,
dont le caractère intime lui était
particulièrement cher. L'influence de Franck
est très nette dans ses premières
compositions puis il se forgera progressivement un
style plus personnel grâce à sa
découverte de la musique française de
son temps (Debussy, Ravel, Tournemire et Messiaen),
mais il gardera certains traits franckistes dans
son écriture, ce dont témoigne son
goût pour le chromatisme et pour la
polyphonie. Son langage reste globalement tonal,
mais avec une grande liberté : sa
Berceuse marine pour orgue, une des pages
les plus jouées, inspirée par son
séjour à Biarritz en 1938,
s'achève sur un accord de huit sons...
Son
catalogue dépasse les quatre-vingt
numéros d'opus, et si ce sont ses oeuvres
pour orgue que l'on cite le plus (en particulier,
outre la Berceuse marine, l'Hommage
à César Franck et la Suite
pascale), il faudrait découvrir sa
musique de chambre (Sonate pour violon et
piano, Quatuor, ...), ses mélodies,
ses messes... Ajoutons que, marié à
la harpiste Marguerite Gonsette, il a
composé aussi à plusieurs reprises
pour la harpe. En 1996, une « Fondation
Maurice Guillaume» a été
créée pour faire connaître
davantage son oeuvre. Thierry
Levaux
(Dictionnaire des Compositeurs de Belgique du
Moyen-Âge à nos jours)